lundi 1 mars 2010

Lado Gudiashivili peintre onirique...


En juin 2009, la maison de vente Sotheby's vend aux enchères "Les rêveurs d'Ortachala" du peintre géorgien Lado GUDIASHVILI. Cette oeuvre de 1920, réalisée à Paris, symbolise une période caractéristique de l'oeuvre de l'artiste, celle qui dépeint la vie dans le vieux Tbilissi du début du XXe siècle.

Lado GUDIASHVILI (1896-1980) commence sa carrière de peintre à Tbilissi avant de partir pour sept ans à Paris de 1919 à 1926. Sa période parisienne est riche en rencontres et aspirations. L'artiste fréquente notamment les pionniers du mouvement rayonnisme et d'avant-garde russe tels que Larionov et sa compagne Gontcharova, il fait aussi la rencontre de Modigliani. Durant cette période stimulante où L.GUDIASHVILI doit se battre pour exister au milieu des centaines d'artistes qui évoluent dans la capitale française, le peintre développe un style mélancolique, poétique qui se veut l'héritage des traditions du vieux Caucase. En effet, dans des tableaux comme "Les rêveurs d'Ortachala" ou bien "Le Poisson" (1924), l'artiste s'attache à représenter la vie en Géorgie avec des éléments contemplatifs. D'ailleurs, le critique français Maurice Raynal déclare "Vous tomberez amoureux de la Géorgie en observant les tableaux de Lado Gudiashvili".



L'artiste produit un travail influencé notamment par le maître géorgien de la fin du XIXe siècle, début du XXe, Niko Pirosmani dont les œuvres s'attachent aussi à dépeindre les coutumes et traditions du Caucase. Mais Lado GUDIASHVILI propose un travail qui cherche à multiplier les influences pour créer son propre style caractéristique, un style alliant un héritage venu de l'Occident mêlé à des inspirations orientales. En effet, on remarque alors dans le style du peintre des influences diverses, celle du peintre italien Giotto, précurseur de l'art renaissant en Italie, mais aussi de Picasso ou de Cézanne. Mais on note aussi, notamment dans ces portraits comme "Les amis espagnols" (1922) une influence de l'art persan dans la représentation de ces visages allongés, aux yeux noirs. Enfin, il est évident que le travail de L. GUDIASHVILI est intimement lié au symbolisme par le culte de la féminité éternelle.



Dans les années 1920, alors que la plupart des artistes russes choissient l'exil pour fuir le régime soviétique, Lado GUDIASHVILI décide lui de rentrer à Tbilissi. Ainsi, après sa période parisienne, souvent considérée comme l'apogée de sa carrière, L. GUDIASHVILI retourne au pays où son style tend vers l'utilisation de couleurs plus chaudes, mais l'évolution est surtout notable dans le choix de ses sujets. L'artiste a de plus en plus recours aux figures allégoriques dans ces tableaux. En effet, on retrouve de plus en plus fréquemment pour thème central une femme géorgienne présentée comme la déesse de la Terre. Cette tendance s'explique par l'intérêt déjà présent à Paris pour le culte de la féminité comme dans le tableau "La femme verte" (1920). L. GUDIASHVILI renforce ainsi par cette nouvelle iconographie allégorique son style fantastique, irréel, poétique et mystérieux.



Parallèlement à son activité d'artiste-peintre, Lado GUDIASHVILI travaille sur des décors de théâtre mais il illustre aussi le célèbre roman du grand poète géorgien du 12e siècle, Roustavéli, "Le Chevalier à la peau de léopard". Puis, en 1946 il réalise une fresque pour l'église Kasheveti à Tbilissi. Cette réalisation, qui n'est pas du goût des soviétiques, le pousse alors à quitter son poste à l'Académie des arts de Tbilissi. De plus, Lado GUDIASHVILI réalise plusieurs séries d'œuvres anti-totalitaires qui inciteront les observateurs à la comparer à Goya.

Lado GUDIASHVILI, trop peu connu en Europe, se révèle être un artiste capable d'allier des influences venant d'ouest en est, un formidable ambassadeur de son pays natal par ses représentations traditionnelles de la vie locale, mais aussi et peut-être surtout un poète mystérieux aux représentations oniriques...

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