lundi 8 mars 2010

Rencontre(s)


"8h", sa toile préférée, inspirée d'elle même dormant avec sa fille lors d'un voyage à Berlin

Dans le quartier de Véra, dans son petit atelier, Maka BATIASHVILI peint, la nuit, dans le calme. Cette artiste géorgienne née en 1975 a pu faire de la peinture son métier, bien que cela n'est jamais été une vocation. Au contraire, c'est petit à petit, en constatant le succès de ses toiles qu'elle est devenue "artiste professionnelle".

Comme beaucoup d'artistes de Tbilissi, elle a effectué ses études à l'Académie d'Art de la capitale au début des années 1990. Mais, alors que la Géorgie découvre son indépendance et est déchirée par la guerre civile, l'Académie est plutôt un lieu de rencontre qu'un lieu d'apprentissage, professeurs souvent absents et électricité rare. A 17 ans, lors d'une vente aux enchères à la Maison du Caucase de Tbilissi, Maka BATIASHVILI vend sa première toile, une femme à moitié nue qui ressemblera peu aux toiles qu'elle réalisera plus tard. Sa carrière artistique démarre véritablement quelques années plus tard, lorsqu'un Américain découvre sur internet son travail et se déplace expressément à Tbilissi pour lui acheter trois toiles. Ce mécène reviendra plusieurs fois et possède d'ailleurs une grande partie de l'art de Maka BATIASHVILI.


"L'eau"

Même si elle réalise quelques vidéos pour certaines expositions, l'activité principale de Maka reste la peinture. Elle peint donc ces scènes du quotidien et ses personnages caractéristiques. Leurs visages restent souvent similaires, d'ailleurs elle considère qu'ils s'inspirent d'elle-même et de sa fille. L'inspiration de ces peintures, comme elle l'explique, vient de l'observation perpétuelle de ce qui se passe autour d'elle. Maka est sans cesse à l'affut d'un nouveau sujet lorsqu'elle marche dans les rues de Tbilissi ou quand elle se promène dans la campagne géorgienne. Ainsi, chacune de ses toiles évoque un instant saisi qu'elle aura observé auparavant. Ces scènes, jamais elle ne les retranscrit à l'identique, elle pense, réfléchit et s'approprie ... pour en faire une représentation unique.
Malgré des couleurs utilisées parfois assez sombres, une vrai douceur et un calme émane de ses toiles, le peu de détails représentés et les larges aplats de couleurs focalisent l'attention du spectateur sur l'action, le thème représenté. Lors d'une exposition à Vilnius, les critiques lituaniens comparent sans cesse Maka au maître de la peinture géorgienne du début du 20e siècle, Niko PIROSMANI. Pourtant, elle rejette cet héritage, non pas qu'elle rejette le travail de Pirosmani, mais Maka considère et souhaite son travail unique, ne se réclamant pas de tel ou tel courant artistique. Elle admet bien sûr avoir ressenti une inspiration et une force puissante lorsqu'elle s'est retrouvé face à des œuvres de Michel-Ange, qu'elle considère comme terriblement contemporain.


"Sans rêve"

Depuis quelques mois, les œuvres de Maka évoluent vers des représentations plus minimalistes, en noir et blanc, comme trois autoportraits. De plus, intéressée par les peintures préhistoriques, elle travaille sur les roches de Tbilissi pour recréer ces dessins, simples, d'animaux.



En Europe, plusieurs expositions se sont déroulées depuis 2005 consacrant les toiles, ainsi que les vidéos de l'artiste. A Leipzig, Londres ou Vilnius... D'ailleurs, c'est au cours d'une exposition à Londres, qu'un auteur britannique Michael Berman lui a demandé d'illustrer ses livres. Une autre rencontre consacrant l'art de cette artiste géorgienne.


"Le pont"

Site internet: http://maka.batiashvili.net/

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